ma vie…

Je m’appelle Frédérique, j’ai 28 ans et, il y a un an, selon la formule consacrée, j’avais "tout pour être heureuse". J’étais mariée depuis bientôt 4 ans avec un homme qui m’aimait sincèrement, avec 3 enfants adorables, un bon salaire dans un travail qui me plaisait. Et pourtant, j’ai voulu détruire cette vie que j’avais et que je n’avais pas vraiment choisie. Parce que si j’avais un peu plus réfléchis à ce premier bisou fait à Belle… Flash back :

Fin 1998, je viens de rencontrer celui qui allait devenir mon mari, nous sommes ensemble à une soirée avec des collègues de travail à lui. Et il y a A. Je savais qu’elle étais homo, elle ne s’en cache pas vraiment et à la voir, on a l’impression qu’elle l’assume bien. C’est la première soirée que je fais en sa compagnie et déjà je sens un feeling qui passe, je la trouve splendide. Pas physiquement, ce n’est pas du tout le style de femme que je trouve belle, look trop sportif, cheveux trop courts, trop de kilos aussi.. Mais je la trouve splendide par sa voix, son rire, son sourire. En partant de la soirée, je lui fais un smack pour lui dire au revoir, il y a mon futur mari, et tous leurs collègues mais je m’en moque, j’en avais envie, je l’ai fait. Pour moi ce n’est rien de plus qu’une bise pop. Mais lorsqu’elle a un mouvement de recul en rigolant, je suis blessée…

S’en suivent des rencontres régulières au gré des réunions de travail de la banque dans laquelle ils travaillent. Puis un jour, mon mari et moi organisons une soirée chez nous avec plusieurs de ses collègues, A. a un peu bu, mon mari lui propose de dormir chez nous, et là… il nous propose de finir tous les 3 sous la couette. Pour simplifier, je dirais que mon mari s’est brûlé les ailes en jouant avec le feu. Mais il n’a jamais vraiment voulu le reconnaître. Et pourtant, il s’est vraiment senti en trop cette nuit là. A. et moi étions seules au monde, et nous nous sommes endormies dans les bras l’une de l’autre pour la nuit. Nous recommencerons l’expérience quelques jours plus tard, toujours à l’initiative de mon mari. Le résultat sera toujours aussi catastrophique (pour lui et son phantasme de se "taper" deux femmes), bien que A. et moi nous soyons dit, sans s’en parler ouvertement, qu’on allait faire en sorte qu’il se sente un peu moins exclu. Et suite à ses deux expériences malheureuses, il nous interdira à A. et à moi de nous revoir. Il a senti que quelque chose de plus fort que de la simple amitié passait entre nous deux. Mais c’était trop tard. A l’époque pourtant, nous ne le savions pas. A. tenait à la bonne relation dans son travail, et mon mari est son supérieur hiérarchique. Quant à moi, je tenais à ma famille. Pendant plusieurs mois, nous ne nous contactons plus. Plus de sms, plus de coup de téléphone. Jusqu’au jour ou elle craque et m’envoie un message en pleine nuit. Et c’est ainsi que tout a repris. D’email en sms.. De coup de téléphone en visite éclair. Au début je me disais que je gérais très bien la situation, que je pourrais très bien gérer un mari et une maîtresse. Surtout que A. ne voulait surtout pas que je fasse tout péter pour elle. Elle me répétait souvent qu’il ne fallait pas que je m’emballe.

Mais comment vivre et dormir (on ne parle plus de coucher évidement) avec un homme quand on aime et désire une femme. Je me suis souvent dit que tout serait plus simple si j’avais eu un amant. Mais c’était une maîtresse que j’aimais. Et penser à elle quand c’est lui qui s’approche de moi me dégoûtais.

Alors les choses se sont faites ainsi, et je me suis séparée de mon mari. Au début, il ne savait rien de mon homosexualité, du fait de ses rapports professionnels avec A. et même si c’était pas facile, il valait mieux qu’il ignore sur l’instant que j’étais lez. Parce qu’il lui aurait fallu environ ¼ de seconde pour faire le rapprochement avec A.

La première personne à qui j’en ai parlé, c’est mon cousin, enfin, Mes cousins. P. et V.. P. a été marié lui aussi, sans enfants. Et puis un jour, il a décidé de divorcer pour assumer son homosexualité, et depuis il a rencontré V., qui est comme A., homosexuel depuis toujours. Je leur ai parlé très ouvertement, de mon « problème », du fait que je ne peux me concevoir comme bisexuelle même si je me disais que ce serait plus simple. P. m’a semblé atterré par la nouvelle, il ne s’y attendait vraiment pas. Et il a immédiatement pensé à mon mari, son ami de toujours, et il a eu mal pour lui. Nous avons parlé de tout cela longuement, et quand je suis partie de chez eux, je me sentais bien.

J’ai eu de grands, très grands moments de doute. Je doutais de vraiment vouloir quitter mon mari, faire du mal à tout le monde. Je ne m’en sentais pas la force. Je me demandais si il ne serait pas plus simple pour moi de renoncer à ma Belle, pour le bonheur de mes enfants, surtout pour J., ma fille aînée, qui n’est pas la fille de mon mari et qu’un divorce éloignera de celui qu’elle appelle "papa" depuis 3 ans.

A cette période, A.et moi ne nous contactions plus. J’avais besoin de mettre les choses au clair dans ma tête et je préférais m’éloigner d’elle pour pouvoir me poser sereinement les questions qui me taraudaient. Ceci m’a permis de me rendre compte que je ne voulais pas quitter mon mari pour A. mais parce que j’étais homo. Je ne regrette rien. Depuis mon mari a appris mon homosexualité, ça a été très dur. Il a voulu faire muter A. dans une autre agence mais tout cela s’est calmé avec le temps et l’arrivée d’un nouveau directeur à la tête de la boite.

Cela fait maintenant 2 ans qu’A. et moi sommes ensemble, 1 an que mon mari est au courant, 8 mois qu’elle vit avec nous (moi et les enfants) et je peux enfin dire que vraiment, je suis heureuse…

Bises à tous, je vous souhaite de connaître le même bonheur…

 

Frède